L’avenir n’est pas vert, il est bleu

Marwa Mourad Samedi 20 Février 2021-11:49:13 Chronique et Analyse
L'économie bleue, une économie au service de l'environnement
L'économie bleue, une économie au service de l'environnement

A rebours des économies dites « rouges » et « vertes », l’entrepreneur belge Gunter Pauli prône un nouveau modèle inspiré des écosystèmes naturels, où les déchets deviennent matières premières et où chaque espèce naturelle trouve de quoi répondre à ses besoins. Le concept d'économie bleue est apparu dans les années 1990. Il a été initié par Gunter Pauli, entrepreneur et économiste Belge.  Le modèle économique actuel produit de grandes quantités de déchets et est également émetteur de polluants. L'économie bleue vise à ne plus produire de déchets et de polluants en s'inspirant de ce que fait la nature.

 

 

L’avenir de l’économie n’est pas vert, il est bleu. Alors que le temps presse pour identifier des solutions concrètes aux enjeux du développement durable qui pèsent sur l’ensemble des écosystèmes naturels, l’entrepreneur belge Gunter Pauli prêche depuis près de trois décennies pour la rupture. La rupture avec l’économie dite « rouge », dominante, basée sur la croissance à tout prix, souvent au détriment de la planète. Mais également avec une économie « verte » jugée trop chère et donc trop peu accessible pour le commun des mortels, et dont les ressorts répondent encore trop systématiquement à la recherche de profits.

Comment ? En développant un nouveau modèle d’affaires largement basé sur la valorisation des déchets et directement inspiré de la nature, où rien ne se perd, et tout se transforme. « L’économie bleue souhaite répondre aux besoins de base de tout le monde, c’est-à-dire l’ensemble des espèces naturelles, avec la matière déjà disponible. Il s’agit d’un système circulaire ou tout est réutilisé et réutilisable », explique l’ancien fabricant de détergents bio, pour qui la révélation est venue il y a environ 30 ans : « Avec la société Ecover, nous avons construit à l’époque la première usine écologique, avec zéro émission et zéro déchet », se souvient-il.

 

Transformer les problèmes en opportunités

D’où l’idée de repartir à la base, en élaborant un système qui prendrait réellement en compte l’ensemble des maillons de la chaine et qui transformerait chaque problème en opportunité. Pour illustrer, Gunter Pauli cite l’exemple du marc de café, utilisé pour cultiver des champignons, dont les déchets serviront eux-mêmes de nourriture aux poules, qui fourniront à leur tour des œufs. « Dans ce cas, j’utilise en cascade ce qui est déjà localement disponible, ce qui se traduit par des rendements beaucoup plus élevés, l’élimination des transports et une satisfaction client beaucoup plus élevée ».

Encore à ses débuts, l’économie bleue générerait aujourd’hui environ trois millions d’emplois à travers le monde, pour quelque 5 milliards d’euros investis. Mais alors que manque-t-il pour la voir s’installer durablement ? « Un encadrement juridique qui nous permet d’innover et d’aller de l’avant en vitesse », regrette notamment Gunter Pauli, alors que la mise sur le marché de certains produits se heurte trop souvent à des difficultés d’homologation.

 

La naissance d'un concept

Gunter Pauli a tout d'abord été entrepreneur. Il possédait une entreprise, Ecover, qui produisait des lessives. Au cours de sa carrière, il a mis en œuvre de nombreuses solutions pour réduire l'impact environnementale de ses lessives. Malgré sa volonté, il fut interpelé de voir les conséquences de l'importation de son huile de palme. En effet, celle-ci était responsable d'une déforestation massive en Indonésie. Peu après, il décida de revendre son entreprise pour approfondir ses réflexions sur l'impact des activités humaines sur l'environnement.

Gunter Pauli a développé le concept de l'économie bleue peu de temps avant le protocole de Kyoto. L'objectif était d'imaginer un modèle économique qui ne produirait pas de déchets ni d'émissions et qui aurait un impact positif sur la création d'emplois sans coûter plus cher que les modèles économiques actuels. Le 6 avril 1994, il créa la fondation Zeri pour permettre le développement des solutions visant à produire sans émissions ni déchet.

 

Le principe de l'économie bleue

L'économie bleue s'inspire de la nature, de ce fait on la compare souvent au bio-mimétisme. La nature ne produit pas de déchets, ce qui est produit est réutilisé. C'est le cas par exemple des feuilles tombées des arbres qui sont dégradées par des organismes. C'est aussi le cas des déjections animales qui peuvent être nécessaires au cycle de développement de certains parasites. L'oxygène rejeté par les végétaux permet quant à lui la respiration chez les espèces animales. Dans la nature, rien n'est perdu. De ce fait, elle ne produit pas de déchets.

L'économie bleue permet que tout ce qui est produit au cours d'une fabrication soit réutilisé. Ainsi, ce qui pouvait être considéré comme un déchet devient une source d'énergie pour produire autre chose. Elle s'oppose au modèle économique actuel qui produit beaucoup de déchet et en recycle très peu. Nous allons voir quelques exemples.

 

Quelques exemples d'économie bleue

Le marc de café peut être utilisé pour nourrir des champignons. Ainsi, il n'est pas jeté et les éléments nutritifs qu'il contient servent à faire pousser des champignons.

Le papier peut être fabriqué à base de minéral et non à base de végétaux. Il se compose notamment de carbonate de calcium, et de résine. A l'inverse du papier classique, sa fabrication ne nécessite ni produits de blanchiment, ni végétaux. Enfin, il a une durée de vie supérieure au papier classique car il peut être recyclé un nombre de fois bien plus important.

Le CO2 peut également être valorisé. Au lieu d'être rejeté dans l'atmosphère et ainsi participer au changement climatique, celui-ci peut être récupéré et valorisé. Il peut servir de source nutritive pour certaines algues, notamment la spiruline. A son tour, la spiruline peut être utilisée et servir de compliment alimentaire.

 

Quel est le lien entre l'économie bleue et la lutte contre le changement climatique ?

Actuellement, les émissions de CO2 d'origine anthropique bouleversent le cycle naturel du carbone. En effet, la combustion des énergies fossiles relâche dans l'atmosphère le carbone qui était présent sous terre. Ainsi, l'augmentation de la concentration en CO2 de l'atmosphère a un impact sur les milieux naturels, par exemple il est responsable de l'acidification des océans. De plus, le CO2 participe au changement climatique qui modifie le bilan radiatif terrestre entraînant un réchauffement global. Les émissions de CO2 ont donc bien un impact sur l'environnement. Une économie bleue est donc une économie sobre en CO2.

Le Compte CO2 s'inscrit parfaitement dans l'économie bleue! Chez nous, chaque tonne de CO2 économisée est valorisée. Actuellement, vous pourrez revendre chacune de vos tonnes de CO2 économisée au prix de 52,64€. Comment savoir si vous avez réduis vos émissions de CO2 ? C'est simple, les réductions de CO2 se produisent lorsque l'on effectue des actions de rénovations énergétique ou que le change sa façon de se déplacer. Par exemple, si votre facture d'énergie a diminué ou que vous avez parcouru moins de kilomètres avec votre véhicule, vous serez récompensés.

 

L'économie bleue en chiffres…

  • 25 ans d’existence
  • 204 enterprises
  • 5 milliards d’euros investis
  • 3 millions d’emplois

 

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